S’occuper de la mutuelle et de la prévoyance des salariés n’est jamais une priorité naturelle pour une association. Non pas par négligence, mais parce que ce sujet s’ajoute à une suite déjà dense d’obligations réglementaires, de budgets contraints, de projets à porter et de missions à accomplir. Trop souvent, faute de temps, de lisibilité ou d’accompagnement, la protection sociale est réduite à une dépense parmi d’autres, alors qu’elle devrait être envisagée comme un engagement structurant, porteur de sens et de reconnaissance.

C’est dans ce contexte qu’en 2022, la Biennale de Lyon, déjà accompagnée par notre cabinet, a pris l’initiative d’ouvrir une réflexion collective. Confrontée à la pression budgétaire croissante qui affecte l’ensemble des structures culturelles, elle a réuni plusieurs associations régionales autour d’une question décisive : comment construire une couverture santé qui protège mieux, coûte moins et reflète les valeurs du secteur ?

De cette rencontre est née une démarche inédite : la constitution d’un consortium volontaire, souple et sans lien juridique contraignant, fédérant des structures culturelles partageant les mêmes besoins. Ce cadre coopératif permet de mutualiser les effectifs, de peser davantage face aux assureurs, tout en respectant pleinement l’autonomie de chaque entité. Un cahier des charges commun, élaboré à partir des situations concrètes des associations pilotes, sert aujourd’hui de base pour solliciter les partenaires assureurs et co-construire une offre lisible, compétitive et modulable en trois niveaux de garanties.

Notre rôle de courtiers prend ici toute sa signification. Nous ne sommes pas des distributeurs de contrats standardisés : nous sommes des architectes de solidarité. Nous apportons aux associations la clarté nécessaire pour comprendre, comparer et décider. Nous leur offrons une sécurité collective face aux hausses tarifaires et concevons des dispositifs conformes au droit, adaptés à leurs contraintes, mais toujours alignés avec leurs valeurs et leur mission.

Car la protection sociale, dans le monde associatif, ne peut être un ajustement secondaire. Elle est un marqueur symbolique et concret de reconnaissance. Elle dit à chaque salarié – qu’il soit permanent, précaire ou engagé au-delà de ses horaires – que son rôle compte, et qu’une communauté veille sur lui.

Plus les structures rejoindront cette dynamique, plus la mutualisation du risque sera forte, et plus ses bénéfices se diffuseront largement. L’ambition dépasse déjà les frontières régionales : grâce au rayonnement de la Biennale de Lyon, ce modèle est destiné à devenir une référence nationale. Nous visons, à terme rapproché, le seuil de 1 000 salariés couverts, preuve tangible de l’efficacité de cette coopération volontaire.

Protéger les salariés des associations, c’est refuser les inégalités silencieuses. C’est redonner du sens à la protection sociale, en l’inscrivant dans une logique de responsabilité et de solidarité. Et c’est, pour nous courtiers, donner à notre métier sa véritable noblesse : concevoir des dispositifs qui ne se contentent pas d’assurer, mais qui traduisent un engagement collectif, fidèle aux missions culturelles et sociales que portent les associations.